Le , par Olivier Keul - Accessibilité
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Est-il réellement possible d’atteindre le taux de conformité de 100 % au RGAA ? Si oui qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?
Pour certaines personnes il s’agit d’un objectif inatteignable, irréalisable voir utopiste. Et donc dans ce genre de cas on essaye de descendre d’un cran et c’est là qu’on sort de son chapeau des chiffres magiques : 75 % ? 80 % ? 90 % ? Voir : Le mythe du taux de 75 % de conformité au RGAA.
Pourtant cette conformité à 100 % au RGAA est atteignable. Bien évidemment, selon la complexité du service numérique, ce chantier pourra être plus ou moins laborieux. Ce qui me semble le plus difficile n’est pas de l’atteindre, mais de le conserver dans le temps.
Totalement presque conforme
L’observatoire du respect des obligations d’accessibilité numérique réalisé par la Fédération des Aveugles et Amblyopes de France indique que sur 7237 sites contrôlés, 27 (soit 0,37 %) sites se déclarent être en conformité totale avec le RGAA.
Qu’est-ce qui se passe si on lance l’outil axe-core (version 4.10.3) et Wave (version 3.2.7.2) sur la page d’accueil de ces sites ?
Résultat : seulement 8 sites sur 27 ont 0 erreur soit 29,62 %, bref moins d’un tiers.
Alors bien évidemment ces outils ne reposent que sur des tests automatisés, ils ne sont pas exempts de faux positif et les erreurs remontées ne correspondent pas forcément à un impact utilisateur bloquant. Mais si déjà dès la page d’accueil on peut retirer deux tiers des bons élèves, c’est que ce n’est pas très bon signe pour la suite.
Conclusion
Mais alors ça voudrait dire qu’un site qui affiche « Accessibilité : totalement conforme » ne l’est pas réellement ? Pour cela il est important de comprendre 3 limitations du taux de conformité RGAA :
- l’audit est réalisé sur un échantillon représentatif (20 pages en moyenne) et non sur l’ensemble du service numérique. Si l’échantillon est bien fait, normalement on doit couvrir la plupart des cas mais il est possible de passer au travers de certains gabarits ou bien que certaines corrections ne soient pas correctement déployées sur l’ensemble des gabarits équivalents
- on peut s’auto-auditer, c’est tout à fait légal, rien n’impose de passer par un prestataire externe. On remarque chez certaines entités non scrupuleuses des taux de conformité anormalement élevés lorsqu’elles s’auditent elles-mêmes
- le site continue de vivre. Une déclaration d’accessibilité est valide 3 ans sauf si il y a une évolution du RGAA ou si il y a une évolution majeur du site. Mais que fait-on pour les évolutions minimes qui pourraient entraîner des régressions ? Ou bien l’ajout de ce joli chatbot IA qui n’était pas présent lors de l’audit initial ?
On ne cessera jamais de le répéter mais le taux de conformité au RGAA est un indicateur. Cet indicateur est utile mais il ne doit pas être votre unique objectif sinon vous êtes entrain de faire de la conformité et non de l’accessibilité numérique. Lire à ce sujet :
- Conformité et accessibilité, l’amour vache par Arnaud Delafosse
- Accessibilité : conformité vs. réalité par Sébastien Delorme et Johan Ramon
Bien sur qu’atteindre 100 % de conformité au RGAA est une bonne chose, mais ce ne qu’est un début. Il faut désormais :
- maintenir ce niveau dans le temps : former vos équipes, outilliez-vous et modifier vos méthodes de travail pour arrêter de créer de la dette d’accessibilité
- réaliser des tests utilisateurs avec des personnes en situation de handicap : cela permet d’aller au delà des référentiels, on sait notamment que la déficience cognitive est assez mal couverte
- poursuivre avec les critères AAA WCAG 2.2 : ces critères sont exclus du RGAA. Ils ne seront pas forcément tous applicables selon votre contexte mais il est intéressant de creuser le sujet tout de même