Portrait : Sébastien Rufer

Le , par Anne Le Gal - Société Temesis Écoconception

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Diplômé en 1998 de l’école d’ingénieurs Télécom Lille, c’est lors de sa dernière année de spécialisation multimédia que Sébastien Rufer se découvre une passion pour le web, à une époque où celui-ci n’en était qu’à ses balbutiements.

Depuis, il n’a plus quitté cet univers. Il explore tour à tour les différentes facettes du numérique, tout d’abord chez un spécialiste de l’information géographique. Il enchaîne ensuite les expériences en agence et en tant que freelance, avant de fonder sa propre structure. Design, développement, conseil, formation : Sébastien cultive volontairement une approche généraliste.

« Ma connaissance de l’ensemble des métiers me permet d’avoir des réponses pertinentes dans un écosystème global, et pas seulement avec un œil de développeur ou de graphiste. »

De ses débuts sur Internet, il garde une conviction forte : celle du web comme bien commun, à défendre et à préserver. Très attaché aux valeurs de l’open source, il nourrit depuis toujours une vision du numérique fondée sur le partage, la collaboration et l’intérêt général.

De ses premières années professionnelles, il retient plusieurs projets marquants : un CD-ROM interactif pour le musée d’art moderne de Villeneuve-d’Ascq près de Lille, puis un outil de cartographie en ligne permettant aux agriculteurs de suivre leurs parcelles bien avant l’avènement de Google Maps… des défis techniques et ergonomiques qui ont forgé sa vision globale du numérique.

En 2020, son parcours prend un virage. Lors d’une conférence sur le numérique responsable, il prend conscience de l’empreinte environnementale de son propre métier.

« Ça a été un électrochoc. Je ne pouvais plus faire comme si je ne savais pas. »

Il se forme alors à l’écoconception, à l’analyse de cycle de vie, aux audits d’accessibilité, et conçoit son premier site web éco-conçu pour l’Institut National de l’Énergie Solaire (INES).

« Sur le volet environnemental, nous n’avons plus vraiment le choix. Si on veut continuer à utiliser le numérique pour des choses utiles, il faut le préserver. Le numérique a révolutionné nos manières de vivre, souvent de manière très positive. Il faut le conserver pour les aspects essentiels et supprimer ce qui ne l’est pas. »

Pour Sébastien, agir dans le numérique aujourd’hui, c’est ainsi ne plus pouvoir ignorer ses impacts. Et si on peut rêver un peu, il imagine un monde où la prise en compte du facteur humain et environnemental serait une obligation intégrée, dès la conception des outils numériques.

« Aujourd’hui, il n’existe aucune contrainte légale sur ces aspects. Pourtant, ce sont des dimensions essentielles, au même titre que l’accessibilité, la sécurité ou la performance. »

En quête d’un cadre collectif pour pousser plus loin ses engagements, il rejoint Temesis début 2025.

« Ce qui m’a convaincu, c’est à la fois le sens des missions, l’expertise de l’équipe, et des valeurs profondément alignées avec les miennes : la bienveillance, l’engagement, la responsabilité sociétale. »

Dès son arrivée, il conçoit une nouvelle formation dédiée au pilotage de l’écoconception à partir du RGESN. Intégré au pôle écoconception, il mène également des audits d’écoconception numérique basés sur le RGESN et des missions de conseil en lien avec l’impact environnemental du numérique.

Transmettre et partager font partie de ses moteurs. Il intervient régulièrement auprès d’étudiants, anime des ateliers de la Fresque du Numérique, et défend une approche plus critique et éclairée des usages numériques.

« C’est fondamental. Nous vivons tous avec le numérique, mais on ne nous a jamais appris à vraiment l’utiliser. Comme on apprend à lire et écrire, on devrait aussi apprendre à utiliser le numérique. Ça ne s’improvise pas, ça s’apprend. »