Le , par Anne Le Gal - Société Temesis Accessibilité
Temps de lecture estimé : 3 minutes.
Pierre n’aime pas les problèmes. Il préfère parler de solutions. Et pour lui, la plus puissante d’entre elles, c’est la formation. Former pour éveiller, former pour faire avancer, former pour ne plus avoir à entendre : on verra en V2.
Fils d’une sculptrice, Pierre grandit dans les ateliers, le dessin et la matière. En 4e et 3e, il suit une section artistique, puis enchaîne sur un bac STI arts appliqués. L’arrivée de Photoshop dans son lycée est une révélation :
« Je me plonge complètement dedans, je me mets même à former mes profs. »
Le numérique s’ouvre à lui comme un terrain d’expérimentation.
Il poursuit en BTS communication visuelle, option multimédia. C’est là qu’il découvre la magie du HTML :
« Écrire quelques lignes de code dans un éditeur de texte et les voir se transformer en interface dans un navigateur, j’ai trouvé ça génial. »
À la fin de ses études, il intègre une agence web et, rapidement, se forge un profil de touche-à-tout : designer, développeur back et front, chef de projet. Il s’initie à l’Agile, au Scrum, explore toutes les facettes d’un projet web.
C’est en cherchant à structurer ses pratiques qu’il découvre Opquast, sans savoir encore qu’il croisera quelques années plus tard la route de Temesis (à l’origine de ce standard de la qualité web). Un déclic.
Il rejoint ensuite la DSI de Pôle emploi (devenu France Travail), où il devient référent accessibilité front. Il se forme, audite, accompagne. Et surtout, il comprend.
« Après des années de métier, je me suis rendu compte que je ne connaissais pas un tiers de mes utilisateurs. »
Ce sont des situations de handicap trop souvent oubliées - qu’elles soient visibles ou invisibles - à toutes les étapes de la chaîne de production : conception, design, développement, etc.
Pour Pierre, l’accessibilité est un sujet éminemment politique. Elle ne se réduit pas à du code ni à un référentiel. Elle demande des choix éclairés, des arbitrages lucides, une vraie culture partagée :
« Il suffit qu’une personne choisisse un prestataire qui ne connaît rien à l’accessibilité, et tout le projet est compromis. »
Mais aujourd’hui, trop souvent, on en fait un sujet de communication ou de conformité.
« Un post LinkedIn sur deux qui parle d’accessibilité utilise du faux gras, des emojis à foison… c’est devenu un objet marketing, alors que ça devrait être un sujet du quotidien. »
Chez Temesis, qu’il rejoint en 2021, il trouve un cadre qui lui permet de porter ses idées. Il y crée ainsi des formations sur l’accessibilité des applications mobiles, un domaine encore peu couvert. Il accompagne aussi les futurs auditeurs et auditrices de Numerik-ea, et multiplie les interventions en entreprise. Ce qu’il vise : éveiller des prises de conscience, provoquer des déclics.
Pierre rêve d’une structure dédiée à la formation aux enjeux de l’accessibilité dans les écoles. Car ce sont les développeurs, designers, product owners qui conçoivent et réalisent les interfaces numériques. Mais aussi les décideurs qui, en amont, peuvent tout bloquer ou tout permettre. Former les deux bouts de la chaîne, c’est selon lui le seul moyen d’ancrer durablement une culture de l’accessibilité. Papa de deux enfants, il travaille aussi sur un projet de livre jeunesse autour de ces sujets, pour sensibiliser dès le plus jeune âge. Toujours la même idée : transmettre, faire passer, faire germer…